Toprak Kala (Ie – VIe siècle après J. C.) est une cité fortifiée située à quelques kilomètres de la chaîne de montagnes Soultan Ways. Des scientifiques suggèrent qu’elle était utilisée à titre résidentiel par un monarque de Khorezm durant l’Antiquité, avant l’arrivée au pouvoir de la dynastie des Afrigides. Le nom actuel du monument découle de sa situation et de sa forme. Le mot toprak peut être traduit par « grande colline de terre ».
Toprak Kala se compose du campement, du grand palais et du complexe nord.
Le campement s’étend sur 175 000 mètres carrés (500 × 350 mètres). De forme rectangulaire, il est protégé par un mur fortifié de 8 à 9 mètres de haut, comptant plusieurs tours quadrangulaires. L’entrée du campement, structurellement complexe, est située devant les portes de la forteresse. Une rue centrale (9 mètres de large) traversant toute la ville, reliait l’entrée et la citadelle. Une niche pourvue d’un âtre rempli de cendres pures a été découverte dans le temple des adorateurs du feu. Au cours des fouilles, différents éléments décoratifs, notamment des bracelets avec des boucles en forme de cornes de bélier, des récipients en verre, des fragments de statues de gypse et des pièces recouvertes de feuilles d’or ont été mis au jour dans un autre bâtiment.
Le grand palais comprend une pièce maîtresse en forme de pyramide tronquée, fabriquée en briques de terre. Sa façade était ornée de plusieurs niches et décrochements verticaux. Une centaine de pièces ont été partiellement préservées au fil des siècles. Elles étaient utilisées comme lieux d’ablution, chancellerie et armurerie. À l’étage, des sanctuaires avec autels et niches étaient dédiés aux rites funéraires.
La majeure partie du palais abritait un ensemble de sanctuaires et de salles de cérémonie. Certains murs étaient ornés de peintures tandis que dans cinq salles, les autres murs étaient décorés de bas-reliefs en argile polychrome. Seules quelques-unes des anciennes décorations sont encore visibles aujourd’hui. Dans le sanctuaire de la salle des rois, une flamme brûlait derrière les grandes sculptures des 23 shahs khorezmiens. La « salle des victoires » était décorée de bas-reliefs représentant des shahs solennellement assis sur leur trône et deux déesses prenant leur envol. Ils illustraient une période durant laquelle les souverains étaient représentés avec un insigne de dignité impériale. Une « salle des gardes noirs » était décorée d’un bas-relief constitué de niches abritant une représentation des shahs. De petites figurines sculptées personnifiant des gardes noirs proclamaient les actes royaux et en faisaient l’éloge. La « salle des cerfs » était décorée de dessins représentant ces animaux pleins de grâce, lesquels étaient surmontés d’une saillie abritant des griffons. L’ornement évoquerait un cycle de vie au sein du règne végétal et animal. Les murs de la « salle des masques dansants », conçue pour la mise en scène d’énigmes, sont ornés d’images partiellement préservées de danseurs et de danseuses. La niche principale semblait contenir un portrait de la grande déesse accompagnée d’un prédateur. Les deux autres niches de grandes dimensions devaient abriter les compagnons des dieux. Un autel disposé sur une estrade se trouvait au centre de la salle.
Les découvertes les plus importantes étaient des anciens documents khorezmiens. Les reçus de différents marchandises et produits alimentaires étaient écrits sur des parchemins en cuir. Certains étaient porteurs de dates précises, les plus récents remontant aux années 188 et 252 de l’ère khorezmienne (début du Ier siècle après J. C.). Des documents rédigés sur des planches de bois établissaient la liste des hommes forts (ou valides) (libres et esclaves) au sein de plusieurs familles khorezmiennes.
Le complexe nord est un groupe de bâtiments situé hors du campement de Toprak Kala, à une centaine de mètres au nord du palais. Il s’étend sur quelque 12 hectares. L’un de ses bâtiments compte 50 pièces abritant des peintures multicolores utilisées comme ornements sur un fond noir et blanc, des représentations de rosaces de petite et grande taille, des fleurs ainsi que les vestiges de sculptures représentant des jambes et l’ourlet d’une robe. Un certain nombre de pièces de monnaie kouchanes remontant au règne de Vima Kadphisès et d’Huvishka ainsi qu’une tête de lion en or et un moule d’albâtre servant à fabriquer des bas-reliefs furent découverts sur le site.